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Quentin Belloir
Quentin Belloir · Co-Fondateur - Rédaction
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Quand l’homme et la bête se confondent dans un rituel fascinant des Pyrénées.

Au cœur des Pyrénées-Orientales, un rituel unique en Europe se perpétue chaque hiver : la Fête de l’Ours. Classée au patrimoine immatériel de l’UNESCO, cette tradition spectaculaire se déroule dans plusieurs villages du Haut-Vallespir — Prats-de-Mollo, Arles-sur-Tech et Saint-Laurent-de-Cerdans — et met en scène un affrontement symbolique entre l’homme et la bête. Entre folklore, rite initiatique et célébration festive, la Fête de l’Ours est une plongée dans l’imaginaire collectif pyrénéen, où la nature et la civilisation s’opposent dans une danse envoûtante.

L’origine de la légende

Si l’origine exacte de la Fête de l’Ours se perd dans la nuit des temps, plusieurs récits tentent d’expliquer ce rituel fascinant. La légende raconte qu’un ours aurait enlevé une jeune bergère, déclenchant une traque menée par les hommes du village. Après une poursuite effrénée, l’ours, capturé et rasé, redevient homme. Ce mythe illustre le passage de l’état sauvage à la civilisation, un thème universel que l’on retrouve dans de nombreuses traditions européennes.

Au-delà du récit, la figure de l’ours symbolise la force brute, la vitalité sexuelle et le renouveau de la nature. Organisée en fin d’hiver, la fête annonce le retour du printemps — un moment clé du cycle des saisons.

Une mise en scène spectaculaire

La Fête de l’Ours se déroule sur une journée entière et suit un scénario précis. Tout commence avec l’apparition des « ours », incarnés par de solides gaillards recouverts de suie et d’huile, leur donnant une apparence sombre et terrifiante. Dès leur entrée dans le village, ils sèment la panique, poursuivant les habitants et tentant d’attraper les jeunes femmes pour les « enlever », sous les rires et les cris de la foule.

Mais les chasseurs veillent. Armés de fusils factices, ils traquent les bêtes dans les rues jusqu’à les capturer. Vient alors le moment clé du rituel : le rasage de l’ours, où l’homme reprend peu à peu son apparence humaine. Cette transformation marque le triomphe de la civilisation sur l’instinct sauvage — une métaphore forte qui résonne encore aujourd’hui.

Une fête entre tradition et modernité

Profondément ancrée dans le patrimoine local, la Fête de l’Ours a su évoluer avec son temps. Autrefois perçue comme un rite de passage pour les jeunes hommes, elle est aujourd’hui un événement fédérateur, attirant des visiteurs du monde entier. Son inscription à l’UNESCO a renforcé son rayonnement et sa préservation, assurant la transmission d’un patrimoine vivant.

Pour les habitants du Haut-Vallespir, cette fête est bien plus qu’un spectacle : elle incarne l’identité locale, la transmission des savoir-faire et l’attachement à une mémoire collective. Assister à la Fête de l’Ours, c’est vivre une immersion où le mythe devient réalité et où le village tout entier vibre au rythme d’une tradition séculaire.

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